Alors qu'une véritable bataille juridique s'est engagée entre Jean-Michel Aulas et la nouvelle direction de l'Olympique Lyonnais, chaque camp livre ses éléments au débat public et fourbit ses armes.
Via sa société Holnest, Jean-Michel Aulas a porté plainte mercredi pour diffamation contre Eagle Football et John Textor,"à la suite des propos prononcés par ce dernier lors d’une conférence de presse en date du 29 août".
L'homme d'affaires américain avait évoqué une"évaluation erronée de la situation financière réelle de l'OL au moment de boucler la transaction en décembre dernier", accusant Jean-Michel Aulas d'avoir "caché des mauvaises nouvelles".
Dans la foulée, on apprenait par le journal L'Equipe que "JMA" avait aussi fait saisir les comptes de l'OL, le tribunal de commerce de Lyon ordonnant le gel de 14,5 millions d'euros au cœur de l'été.
Jean-Michel Aulas : "On n'avait pas d'autre choix"
Dans une interview à l'AFP, Jean-Michel Aulas certifie qu'il ne se lance pas dans cette guerre juridique par gaieté de cœur. "Mon cœur pleure pour l'OL... Bien sûr c'est triste mais ce n'est pas contre le club, pas le club mais contre celui qui l'a racheté, John Textor avec Eagle", confie-t-il.
"Eagle (la société de Textor, Ndlr) s'est engagée contractuellement le 22 décembre dernier à racheter pour le 10 août un tiers des 8,7 % qui sont notre participation, et les deux autres tiers au 31 décembre de l'année prochaine, on n'avait pas d'autre choix, à partir du moment où il ne nous paie pas, que de lancer une procédure judiciaire", assure l'ex-homme fort de l'OL.
"Je ne peux pas faire de mal à cette institution, par contre il faut que les gens qui se sont engagés à racheter des titres tiennent leurs engagements", poursuit-il.
Pour OL Groupe, les conditions de ce rachat pas établies
Quant à OL Groupe, il a réagi ce jeudi à travers un communiqué. L'institution confirme "que des mesures conservatoires ont été prises de manière non contradictoire, au cœur de l'été, sur ses comptes bancaires et sur les titres qu’elle détient dans le capital d'OL SASU et d’OL Groupe LLC, à hauteur de plus de 14,5 millions d’euros, à l’instigation d'Holnest représentée par Jean-Michel Aulas qui prétend détenir une créance à l’encontre de la société au titre du prix de rachat du tiers de ses actions OLG".
Pour OL Groupe, les conditions de ce rachat ne sont toutefois pas établies, en l'absence de l’approbation de son assemblée générale et de l'accord du pool bancaire.
Santiago Cucci : "John lui a proposé une sortie honorable"
Interviewé par l'AFP, Santiago Cucci - le président exécutif par intérim - va même plus loin dans les accusations de déloyauté. "Il y a trois semaines, il (Jean-Michel Aulas, Ndlr) a réussi à faire bloquer tous nos comptes durant une petite semaine en plein milieu du mercato. Pour défendre ses intérêts personnels, il a mis en risque tout le club", déclare Cucci.
Selon lui, si Jean-Michel Aulas a été débarqué en mai dernier, c'est parce que John Textor "avait des preuves qu'il agissait contre les intérêts du club".
"John lui a alors proposé une sortie honorable avec un accord dans lequel il s'engageait à cesser d'agir contre le club et à dénigrer l'OL et John. En contrepartie, il devenait Président d'honneur et il a quand même touché une indemnité de dix millions d'euros, assujettie à ces clauses", révèle Santiago Cucci dans l'interview à l'AFP.
Selon lui, l'ex-président de l'OL souffle sur les braises. "Il est de notoriété qu'il a engagé une agence de communication qui dénigre le club depuis plusieurs semaines. En faisant cela, il a brisé l'accord. Et quand quelqu'un saisit les comptes du club, on est clairement dans des agissements contre les intérêts du club", assène-t-il.
Le rachat des parts d'Aulas remis en cause ?
De quoi remettre en cause le deal initial ? "On estime qu'en ayant rompu ces deux clauses, il n'est pas éligible, non pas à une dette mais à cet engagement d'OL Groupe de racheter 3 % du capital qu'il détenait. Ce n'était pas une dette. C'était une transaction", rapporte Cucci.
Des propos qui font sauter Jean-Michel Aulas au plafond. "Ce qu'il dit est machiavélique et faux, on n'avait pas le choix de faire autrement, on nous doit 14,5 millions d'euros, on les met en demeure de payer, ils nous répondent non. Pourquoi il ne paie pas ?", interroge l'ex-président.
Entre Jean-Michel Aulas et les nouveaux patrons de l'Olympique Lyonnais, la procédure de divorce s'annonce longue et conflictuelle.