L'événement Décideures 2023, organisé par Tout Lyon et ses partenaires, était l'occasion de délivrer un nouveau trophée, le prix Solid'R, "qui récompense l'engagement sous toutes ses formes". Il est revenu à Fanny Deléage, créatrice de la Tannerie Végétale.
Ce prix se veut une récompense pour des "actions de citoyenneté", pour le commerce "mais pas à n'importe quel prix, un commerce avec des valeurs humaines", selon le partenaire du prix, l'entreprise Nhood.
Fanny Deléage, qui faisait partie de la catégorie Transition, est recompensée pour la création à travers son entreprise La Tannerie Végétale, d'une alternative écologique au cuir.
Fanny Deléage : "Une soirée pour inspirer d'autres à se lancer"
Portrait - Fanny Deléage, la chimiste
Créer de la valeur dans un procédé écologique est possible. Entrepreneure et chimiste, Fanny Deléage a inventé une alternative plus durable au cuir.
"Si tu as un projet, il faut y aller car personne ne va le faire à ta place. C’est un peu comme ranger le lave-vaisselle", plaisante Fanny Deléage, fondatrice de La Tannerie Végétale. Une entreprise née d’une ambition qui en aurait fait flancher plus d’un : créer une alternative au cuir à base de protéines végétales, sans utiliser d’eau, ni de plastique.
Docteure en chimie des matériaux, la cuisine de Fanny Deléage, c’est le laboratoire. Ingénieure dans de grands groupes agroalimentaires, elle teste, cherche et développe des techniques de transformation de la matière à partir de végétaux. "Je me suis dit : je sais faire de la viande végétale, donc une matière à base de protéines végétales, je peux trouver une alternative au cuir de la même manière", raconte la chimiste. Elle quitte alors les grands laboratoires pour la cuisine de sa mère, où elle essaye plusieurs recettes.
"A ce moment-là, je suis vraiment motivée à apporter ma pierre à l’édifice de la transition écologique, dans le domaine des matériaux", indique l’entrepreneure. En alliant végétaux et tannins, elle parvient à créer une matière alternative au cuir.
De la blouse blanche aux chemises d’entrepreneure
Un procédé novateur dont il ne manquait plus que la structure pour le développer. Alors, Fanny Deléage intègre Lyon Start Up, un programme de six mois où elle apprend quelques clés de l’entrepreneuriat. "C’est parfait pour commencer un projet de zéro et se faire un réseau lyonnais", précise la chimiste.
En 2019, après avoir abouti à une preuve de concept dans le laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères (IMP) de Saint-Etienne, elle trouve des investissements et lance La Tannerie Végétale. "On est parti sur deux ans de recherches pour améliorer la matière. On est ressorti avec plus de 350 recettes, donc une grosse base de données qui constitue notre savoir-faire".
Son entreprise est aujourd’hui capable de produire des rouleaux de 15 centimètres de ce matériau écologique baptisé PHyli. Une matière intéressant les maisons de luxe, soucieuses de diminuer leur empreinte carbone. "La commercialisation du Phyli est prévue fin 2023. Nous pouvons fournir la petite maroquinerie. On envisage de produire des rouleaux de 60 cm d’ici 2025, puis 150 cm d’ici 2028. En somme, on a de quoi faire pour quelques années", conclut Fanny Deléage.
Son entreprise
La Tannerie Végétale produit une matière inventée par Fanny Deléage, le PHyli. Une alternative au cuir fabriqué sans eau, à base de protéines végétales, de tannins et de composés naturels. Installée à Villeurbanne, elle compte sept personnes dont cinq salariés. Dernière levée de fonds : 500 000 euros.
Son engagement Solid’R
"Le projet est un engagement en soi. Aller encore plus loin en travaillant sur la revalorisation des déchets végétaux."
Son conseil pour se lancer
"Se lancer même si on a le sentiment de manquer de compétence et d’expérience. En fait, on a tous et toutes le syndrome de l’imposteur, donc il faut juste y aller. On a tous un projet unique malgré la concurrence : de toute manière, ce ne sera jamais fait comme nous on le veut".
Ses influences
"Je dirais que les femmes de ma vie m’ont beaucoup influencée. Ma maman nous a toujours poussées à faire des études pour pouvoir exercer le métier qu’on veut. Puis ma grande soeur : elle est virologue et sauve le monde en étudiant les virus".