Elles étaient six à concourir dans la catégorie Femme de la tech de l'événement Décideures 2023, avec des profils variés et surtout dans des domaines techniques. Finalement, c'est le projet de biotech Allogenica et sa fondatrice Inna Menkova qui décroche le prix.
La Lyonnaise d'adoption, dont la start-up est spécialisée en thérapie génique, a reçu son trophée mardi 30 mai, lors de la soirée organisée par Tout Lyon et ses partenaires au H7 dans le quartier de Confluence.
Inna Menkova : "Un véritable honneur d'être mise en lumière de cette manière"
Portrait - Inna Menkova, l'inclassable
La blouse blanche de laboratoire sied depuis près de 15 ans à Inna Menkova. Mais la généticienne n’a pas hésité à enfiler la panoplie de cheffe d’entreprise pour porter son projet de biotech et créer Allogenica.
Débarquée de Russie à 20 ans avec le baccalauréat en poche, Inna Menkova a suivi un parcours de formation et un début de carrière exemplaire entre la région parisienne, Sophia-Antipolis et Lyon. Avec son solide bagage en génétique, immunologie et thérapie génique, elle aurait sans doute pu rester derrière une paillasse de laboratoire pendant des dizaines d’années. C’était sans compter l’envie farouche de la chercheuse de porter au bénéfice des patients les dernières avancées médicales.
Mais si la perspective de développer des thérapies cellulaires universelles pour traiter certaines formes de cancers du sang est prometteuse, le projet n’est d’abord qu’une idée. "Être parvenue à passer du stade de l’idée à une entreprise est ma plus grande fierté", confie-t-elle avant de souligner le soutien capital de Pulsalys dans cette réussite. En effet, la société d’accélération du transfert de technologies de Lyon et Saint-Etienne a financé la preuve de concept scientifique et accompagné Inna Menkova dans sa démarche entrepreneuriale.
Car un nouveau monde s’ouvre à la docteure qui, faute de trouver tout de suite un profil complémentaire pour l’épauler, endosse plusieurs casquettes pour défendre son projet auprès de publics variés. Après un apprentissage à vitesse accélérée grâce à une étonnante faculté d’adaptation, la jeune femme peut troquer la blouse blanche pour le tailleur lorsqu’il s’agit de présenter la biotech et de convaincre des partenaires et financeurs.
Sortir de sa zone de confort
Bien que toujours un peu redouté, l’exercice est aujourd’hui maîtrisé, ce qui offre des avantages. "Avoir à la fois la vision scientifique et la vision entrepreneuriale du projet est un atout car cela me permet de bien exposer et justifier la road map. Mais je dois reconnaître que les premières questions sur la taille du marché ciblé ou la concurrence potentielle m’ont un peu désarçonnée", sourit Inna Menkova.
Pour aboutir à la création d’Allogenica en janvier 2022 et désormais avoir en ligne de mire les essais sur l’homme en 2026, la dirigeante âgée de 35 ans a donc su sortir de sa zone de confort et s’impliquer sans faillir malgré d’inévitables désillusions. "Prendre quelques portes a finalement contribué à renforcer et à améliorer le projet. Et puis, je suis persuadée que quand on est convaincu, on parvient à convaincre", déclare avec philosophie celle qui a aussi su s’entourer de chefs d’entreprise du secteur et de scientifiques pour la conseiller.
Leur expérience sera plus qu’utile car, si certaines étapes cruciales ont été franchies, la route est encore longue. Pas de quoi effrayer Inna Menkova qui reste une jeune entrepreneure sans plus être une novice. D’ici la fin d’année, elle aura bouclé une nouvelle levée de fonds et recruté trois personnes.
Son entreprise
Allogenica développe une approche allogénique des traitements des cancers du sang par la bioproduction de cellules CAR-T universelles. La biotech emploie sept personnes.
Son engagement Solid’R
"Installer une entreprise garante de la création d’emplois."
Son conseil à celles qui se lancent
"Ne pas rester dans sa bulle."
Ses influences
"Sophie Jullian, présidente de Pulsalys, Jean-Marie Grumel, co-fondateur d’Allogenica, Jean-Guillaume Lafay, président-cofondateur de Mablink, le professeur Jean-Daniel Lelièvre, mon directeur de thèse et membre du comité scientifique d’Allogenica."