La démission d'Yves Hartemann au poste de bâtonnier de Lyon, révélée par nos confrères de Tribune de Lyon le 8 novembre, clôt une situation qui aurait pu fortement égratigner toute une profession, s'il n'avait pas renoncé à son élection. D'ailleurs, au lendemain de cette annonce, les principaux intéressés font face à la situation, avec une certaine sérénité.
"Ma décision a été difficile à prendre, car nous nous étions préparés depuis plus d'un an avec Valérie Giet. Notre binôme était complémentaire et apprécié. Mais les deux procédures civiles dont je fais l'objet actuellement (qui concernent l'annulation d'une vente d'appartements construits sur des terrains pollués tandis qu'il était maire de Grézieu-la-Varenne entre 1995 et 2008, Ndlr), ne m'auraient pas permis de prendre mes fonctions de bâtonnier de manière optimale. J'ai donc pris la bonne décision en démissionnant", commente Yves Hartemann.
Conscient que le bâtonnat représente un véritable sacerdoce, l'avocat lyonnais avoue que tôt ou tard, en s'engageant dans ses nouvelles fonctions, et avec toute la résistance dont il aurait fallu faire preuve, "la médiatisation des affaires aurait nui à ma famille et au barreau de Lyon".
Barreau de Lyon : Valérie Giet reste dans la course et se représente
C'est donc l'esprit libéré qu'Yves Hartemann a mis fin lui-même à ses futures fonctions, tout en exhortant Valérie Giet à prendre le témoin, elle qui devait être sa vice-bâtonnière.
La future intéressée confirmant ainsi ses propos : "Notre élan ne doit pas s'estomper. Je souhaite poursuivre mon engagement et la mise en œuvre de nos convictions. Je me présenterai de nouveau à vos suffrages, en binôme aux côtés d'un confrère ou d'une consœur", s'adressant ainsi à l'ensemble de ses confrères lyonnais dans un communiqué.
Et Valérie Giet de préciser : "En aucun cas je ne souhaite me positionner en tant bâtonnière dans le cadre du futur binôme. Je reste très touchée par les nombreuses marques de confiance et de sympathie reçues par mes confrères. La personne qui se joindra à moi pour la future élection sera dans la lignée des valeurs transmises par Yves Hartemann. Sa décision reste admirable et courageuse, bien qu'il la subisse, mais je reste dans la dynamique qu'il a engagée".
La fin de mandat qui s'achève donc au 31 décembre 2023 pour l'actuelle bâtonnière, Marie-Josèphe Laurent, sera animée, puisque lui revient la charge d'organiser de nouvelles élections.
"Celles-ci se dérouleront vraisemblablement durant la seconde quinzaine de janvier, avec une prise de fonction début février. Les statuts du Barreau prévoient que l'intérim soit assurer par le membre du conseil de l'Ordre, qui possède le plus d'années d'exercices en tant qu'avocat inscrit au barreau de Lyon", explique Marie-Josèphe Laurent.
Ainsi, Laurence Junod-Fanget ou Serge Deygas pourraient assurer cet intérim, selon des comptages qu'il reste à effectuer. La bâtonnière de Lyon, "soulagée" par cet épilogue, reste "sereine" sur l'analyse de la situation.
"Il n'y avait qu'Yves Hartemann pour prendre cette décision. Se présenter au bâtonnat engage à plein temps celui qui s'en empare. En ce qui me concerne, j'ai toujours considéré que nous allions faire face quoique que fût sa décision. Son choix simplifie néanmoins les choses."