Dès l’entrée dans la galerie, le visiteur est plongé dans l’atmosphère chaude et lumineuse des toiles aux couleurs pures comme ce bleu méditerranéen magnifique : Alecos Fassianos est bien un peintre du soleil !
Né à Athènes en 1935, il se forme à l’Ecole des Beauxarts de la ville avant de partir dès le début des années 60 s’installer à Paris. Il y rencontre l’avant-garde artistique et littéraire de la capitale. Travaillant beaucoup, il réalise aussi des décors de théâtre pour des grandes oeuvres classiques et modernes et illustre de très nombreux ouvrages. De renommée internationale, il expose dans le monde entier, aussi peut-on le considérer aujourd’hui comme l’un des plus grands artistes grecs contemporains. En 2004, il revient à Athènes où il vit et travaille.
Une oeuvre d’Alecos Fassianos se reconnaît au premier coup d’oeil car l’on y retrouve toujours le même personnage présenté à mi-corps, le visage de profil, l’oeil et le sourcil très allongés, un souvenir discret de la mythologie. Il aime peindre des cavaliers, des cyclistes, des pécheurs et leurs fi lets. Sont-ils des dieux ? Aphrodite n’est-elle pas cette femme endormie dans « Siesta » ou l’amante dans « Le Chat bleu » ? Et Phaéton conduisant le char solaire, ce personnage bleu au foulard rouge dans « Tsoui tsoui tsoi » ou ce cycliste dans « Dimanche » ? On retrouve dans chacune des peintures des rappels à l’iconographie grecque traités avec liberté et poésie : l’écharpe au vent portée par la plupart des personnages, les rameaux qu’ils tiennent dans leurs mains, les grappes de raisin blanc, les colombes bleues, rouges ou vertes, les fleurs et aussi les insectes.
Un bel ensemble de lithographies
Fassianos travaille avec une pâte lisse. Il pose ses couleurs en larges aplats uniformes qu’il reprend au pinceau fin pour souligner les détails. Sa palette privilégie tous les bleus, du plus vif au plus pâle, le rouge vermillon, le vert profond, l’or et l’argent, et l’ocre aussi. Bon dessinateur, il travaille sur papier au crayon de couleur et au feutre d’un trait vif qui précise les attitudes et les mouvements de ses personnages (Le chat bleu - Le grand pêcheur - Ma chèvre perdue - Moment intime…).
Dans la première salle, on ne peut manquer en face de l’entrée une grande toile : « Le Retour des hirondelles » dont le personnage peint en rouge vif se détache sur le ciel blanc animé par un vol de colombes bleues. Un peu plus loin, « Tsoui tsoui tsoi » où l’on voit un homme bleu à l’écharpe rouge, sur un balcon, dialoguer avec une colombe – « Siesta » , un dessin au crayon de couleur sur papier et, un peu plus loin en haut de l’escalier, « Le Pécheur doré » : une grande lithographie rehaussée d’or de la main de l’artiste. Au niveau inférieur, est présenté un bel ensemble de lithographies, une technique que l’artiste a étudiée à l’Ecole des Beaux-arts de Paris et qu’il maîtrise parfaitement : « Le Pécheur et la colombe » - « Le Bélier » - « L’Homme au cheval »…
L’oeuvre d’Alecos Fassianos invite à la rêverie. Les sujets inlassablement répétés sont comme un refrain mystérieux fredonné par l’artiste, toutes ses images baignées de lumière chantant la Grèce en évoquant ses dieux. Une exposition lumineuse, poétique et pleine de charme !
Brigitte Roussey
Galerie Michel Estades, 61, quai Saint-Vincent à Lyon 1er. Du mardi au samedi 10 h 30-12 h 30 et 14 h 30-19 h. Jusqu’au 17 mars.
