"Sur le fond comme sur la forme, j'ai un problème avec Fabien Bagnon. Nous sommes arrivés à un point de rupture. J'en ai marre qu'on nous mente. On en marre d'être pris pour des c... Et je ne suis pas le seul élu métropolitain à le penser". Jérémie Bréaud, maire LR de Bron, a envoyé une lourde charge à l'encontre de Fabien Bagnon, vice-président écologiste de la Métropole de Lyon en charge de la voirie et des mobilités actives, lors d'une conférence de presse organisé à l'initiative de l'élu brondillant au Club de la presse.
En cause, plusieurs dossiers de mobilité concernant la ville de Bron et pour lesquels Jérémie Bréaud accuse Fabien Bagnon de "dogmatisme", comme sur le sujet du bus à haut niveau de service qui devrait passer Route de Genas, ou sur la voie lyonnaise numéro 8 dans le quartier des Lads ("on va supprimer 250 places de stationnement malgré la création de 700 logements"), et même de "mensonges" dans le cas du projet de la voie lyonnaise numéro 12 débouchant avenue Franklin-Roosevelt.
Voies lyonnaises et HCL au coeur de la polémique
En prévoyant une circulation automobile dans le seul sens Lyon - Bron en lieu et place du double sens actuel, cette piste cyclable à haut débit promet de modifier en profondeur les circulations dans un secteur proche de plusieurs hôpitaux (Edouard-Herriot, HFME, neuro, cardio...).
"A la présentation du tracé le 4 janvier dernier, j'ai demandé à Fabien Bagnon si les hôpitaux étaient ok. Il m'a répondu que oui, qu'il avait vu avec eux. Mais on a peu à peu découvert que les établissements étaient vent debout contre ce projet de sens unique", raconte Jérémie Bréaud.
En conférence de presse, le maire de Bron a exhibé un document émanant "de la haute direction", un e-mail destiné à demander aux personnels de déposer leurs griefs sur la plateforme de la Métropole de Lyon concernant le projet des Voies Lyonnaises. "Et le 2 mai, c'est une note avec le logo HCL qui évoque l'impact de la création de la voie lyonnaise 12, la déclarant je cite "incompatible avec les activités de l'hôpital", en particulier le SAMU et SMUR 69", assène l'élu de droite.
"Soit Fabien Bagnon n'a pas été averti, soit il ment, ce que je crois"
"Le 5 mai, il réitère qu'il n'y a pas d'alerte majeure venue des HCL. Pourtant, des documents ont bien été envoyés à la Métropole de Lyon, ce que m'a confirmé un haut responsable des HCL. Conclusion, soit Fabien Bagnon n'a pas été averti par les services et c'est un dysfonctionnement, soit il ment, ce que je crois", délivre Jérémie Bréaud, qui demande officiellement "à ce que Bruno Bernard impose à Fabien Bagnon de changer de méthodes, ou qu'il reprenne lui-même ce dossier".
Car le maire de Bron insiste, le problème n'est pas la Métropole de Lyon mais bien la personne. "Nous avons parfois des désaccords, mais on travaille depuis trois ans en bonne intelligence avec la Métropole, que ce soit avec Bruno Bernard ou les vice-présidents Renaud Payre, Emeline Baume, Hélène Geoffroy ou encore Béatrice Vessiller. Mais Fabien Bagnon fait pour sa part preuve de brutalité, c'est un bulldozer, il est en train de détruire la ville de Bron", assume l'élu de droite, qui affirme au passage ne pas être un anti-vélo.
"Bien au contraire ! Je suis pour le vélo en ville, ça va dans le sens de l'histoire, et je suis parfois à contre-courant au sein de ma famille politique sur ce sujet, assure-t-il. Mais Fabien Bagnon est en train de perdre les pédales et d'envoyer dans le mur les Brondillants et plus largement les Grands Lyonnais", ajoute le maire de Bron.
Une tentative de fissurer la majorité de gauche à la Métropole de Lyon ?
Cette attaque personnelle n'est-elle pas aussi une manière de tenter de fissurer la majorité de gauche à la Métropole, alors que la mi-mandat projette déjà les groupes politiques vers le match d'après ? Jérémie Bréaud s'en défend, même si sa sortie publique a visiblement reçu l'assentiment de Laurent Wauquiez, président de la Région, Philippe Cochet, président de groupe à la Métropole, et de Pierre Oliver, chef de file de l'opposition de droite à la Ville de Lyon.
"On a assez de travail pour se préoccuper de cela. Par contre, que cette affaire interroge la relation entre les élus de la majorité, c'est une évidence. Quand vous avez quelqu'un qui manque de loyauté dans votre équipe, vous pouvez lui retirer sa délégation... Par ailleurs, il y en a un qu'on n'entend pas, c'est Grégory Doucet avec sa double casquette de maire de Lyon et de président des HCL", interpelle Jérémie Bréaud.
L'élu LR dit ne pas craindre les éventuelles conséquences de sa virulente prise de position. "Il peut répondre ce qu'il veut, m'attaquer en diffamation, j'ai les preuves", martèle-t-il, agitant un petit matelas de feuilles A4.