Alors que la Biennale commence en fanfare dans toutes les salles de l’agglomération, la chorégraphe installée à Sainte-Foy-lès-Lyon reprend une pièce de son (très large) répertoire qui a été peu vue depuis sa création pour la Biennale de la danse 2012, Nocturnes dans son lieu, Ramdam,un centre d’art.
La compagnie Maguy Marin présente sa pièce Nocturnes à Ramdam
Troisième et dernier volet d’un cycle entamé avec le magnifique Salves (créée pour la Biennale de la danse 2010), Nocturnes reprend le procédé utilisé précédemment, soit un fondu au noir permanent, éclairant puis obscurcissant des saynètes qui se succèdent très rapidement. Ça va vite, très vite, tellement vite que le regard et le cerveau peuvent s’emmêler les pinceaux.
Déjà dans Salves, les interprètes étaient guidés par un fil imaginaire qui tendait à la disparition. Dans Faces, opus créé pour le Ballet de l’Opéra de Lyon l’année suivante, elle approfondissait le dispositif. Dans Nocturnes, elle va jusqu’à l’épuiser au risque de lasser le public. Pendant une heure, des images se succèdent, sans lien les unes avec les autres, d’actions réalisées par les interprètes comme manger du raisin, regarder une photo noir et blanc. Ces derniers parlent aussi, écrivent des phrases sur un tableau noir, en italien, en arabe, en grec (la nationalité d’origine de certaines et certains danseurs) nous renvoyant à une Babel impossible.
Et la bande-son de Denis Mariotte convoque des grondements sourds qui accentuent le malaise. Austère dans son procédé, Nocturnes est pourtant fécond dans son propos. Comme toujours, chez Maguy Marin, et particulièrement dans cette série obsédante, le spectateur n’est pas là pour se faire plaisir mais bien pour se questionner sur l’état du monde. Un monde en déliquescence, déjà, qui court à sa perte, inexorablement et dont la lecture pourrait prendre une nouvelle force 11 ans après.
Infos pratiques
Les 19 et 20 septembre à 20h au centre d'art Ramdam de Sainte-Foy-lès-Lyon. Billetterie : ramdamcda.org