Vingt ans après le décès de Jérôme Baverez, sa famille et ses proches continuent de faire vivre sa mémoire à travers le prix qui porte son nom, remis chaque année depuis 2005 à un élève méritant de l'Ecole des avocats Rhône-Alpes à Lyon (Edara).
Chaque année, ou presque : empêché par la pandémie de covid-19 en 2021 et en 2022, le prix Baverez n'a pas été remis durant deux ans. Jusqu'alors porté par sa maman, l'événement a été relancé cette année, notamment par ses frères David et Frédéric.
Le format de l'épreuve n'a pas changé pour sa 17e édition : les candidats - 18 cette année - devaient composer sur un sujet inspirant : quel rôle peut jouer l'avocat pour surmonter la défiance envers la justice ? Cinq élèves ont été retenus pour passer un oral devant le jury, le 7 juin à l'Edara, afin d'approndir la question mais aussi de cerner leurs personnalités et aspirations.
Après les traditionnelles délibérations, les sept membres du jury - parmi lesquels l'ancien bâtonnier de Lyon Eric Jeantet et l'ancien bâtonnier d'Alberville Bernard Coutin - ont remis le prix Baverez à Mathieu Germain, parmi un panel de candidats "d'une grande valeur."
Mathieu Germain, un profil "exceptionnel" remporte le prix Baverez
Avec ce prix, Mathieu Germain, 26 ans, obtient un stage de six mois au sein du cabinet d'avocats parisien Gide Loyrette Nouel, où Jérôme Baverez travaillait au moment de son décès. Il repart aussi avec une enveloppe de 4 000 euros, remise par l'association des amis de Jérôme Baverez.
Il faut dire que le parcours de l'actuel étudiant en première année de l'Edara force l'admiration : double licence droit et langue étrangère à Grenoble après un bac mention très bien ; master en Allemagne ; double master en droit de l'entreprise en lien avec Grenoble école de management. Si tout va bien, l'élève avocat devrait prêter serment en décembre 2024 et entrer pleinement dans la vie active. "Plus jeune, j'hésitais entre avocat et diplomate, raconte l'étudiant. Ce qui me plaît dans cette profession, c'est l'oralité - j'aime parler - et d'être dans cette posture de défense." Désormais sûr de sa voie, il se dirige vers une carrière en contentieux des affaires.
Au delà de son parcours universitaire, c'est la personnalité de Mathieu Germain qui a séduit le jury. Impliqué en tant que conseiller municipal délégué à la démocratie participative au sein du conseil municipal de Saint-Marcellin (Isère) où il a grandi, il porte un intérêt particulier au fonctionnement de la société. "J'ai besoin d'être acteur de la vie locale. On en apprend aussi beaucoup en termes de culture de l'administation", évoque donc le plus jeune conseiller saint-marcellinois, élu depuis 2020.
Eloquence, excellence, personnalité "exceptionnelle", voilà les qualités louées par David et Frédéric Baverez pour lui remettre le prix : "Il est incroyable avec son engagement sociétal, sa culture historique, mais surtout il possède une grande humanité."
Le prix Baverez, un triomphe de la vie sur la mort
Lors de la remise du prix à Mathieu Germain, David et Frédéric Baverez ont rappelé l'aura qu'avait leur frère sur son entourage. "Tout s'opposait à ce prix : Jérôme n'avait pas fait l'école Edara, il avait passé son certificat d'aptitude à la profession d'avocat à Lyon mais était parti travaillé à Paris... et on connaît la rivalité Lyon-Paris ! Mais, lorsqu'il est décédé, tous les gens qui l'ont connu se sont réunis autour de ce projet. C'était ça, la magie de mon frère", a rappelé David Baverez.
Frédéric Baverez ajoutant : "Ce prix, c'est la justice qui reprend le dessus sur l'injustice de la mort jeune de Jérôme. Avec ce prix, on espère changer la vie du lauréat. On permet au talent d'une personne de s'exprimer."