Plus d'une quarantaine d'associations et personnes physiques ont annoncé, lundi 5 juin à Lyon, avoir saisi la justice pour obtenir une étude des risques sanitaires liés aux perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) - autrement appelée perfluorés - utilisés par l'usine Arkema à Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Elles demandent également des sanctions contre l'industriel, d'après l'Agence France Presse (AFP).
Ces substances chimiques, également connues sous le nom depolluants éternels, se dégradent très peu et sont considérées comme nocives pour la santé.
Au total, 37 habitants vivant autour de la vallée de la chimie, dont les représentants de 16 enfants, ainsi que 10 associations et syndicats, ont saisi le tribunal judiciaire de Lyon le 25 mai dans le cadre d'un référé pénal environnemental. Certains plaignants souffrent de "perturbations endocriniennes", avec aussi un "cancer des testicules chez un enfant de moins de deux ans", des maladies potentiellement liées au PFAS, a indiqué l'avocate Louise Tschanz.
Le parquet doit examiner la recevabilité des requêtes, avant de les transmettre le cas échéant au juge des libertés et de la détention, qui aura ensuite 48 heures pour prendre une décision.
Pollution aux perfluorés : un nouveau documentaire pointe la responsabilité d'Arkema
"La colère des riverains n'a cessé de monter" depuis la diffusion en mai 2022 d'un documentaire sur France 2 alertant sur une forte pollution à ces substances autour du site d'Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), a expliqué devant la presse Camille Panisset, responsable locale de l'association environnementale Notre affaire à tous.
L'association est à l'origine de l'action contre Arkema, rejointe par d'autres, comme Alternatiba, la FSU, différents groupes de riverains ou d'agriculteurs. Il s'agit notamment d'obtenir des prises de sang et des analyses "payée par Arkema" sur le lait maternel ou les denrées alimentaires de producteurs bios et non-bios pour évaluer une contamination qui "aurait pu être évitée", a insisté Camille Panisset.
Pour un documentaire diffusé jeudi 7 juin à 23h05 (déjà disponible sur la plateforme france.tv),France 3 Auvergne-Rhône-Alpes a demandé 10 prélèvement sanguins à des riverains volontaires, les analyses d'un laboratoire de Liège révélant une très forte présence de deux PFAS. Selon France 3, les taux d'imprégnation mesurés par Arkema sur ses salariés de 2003 à 2016 - date de l'interdiction d'utilisation d'un des PFAS visés- révèlent des niveaux 17 fois supérieurs à la moyenne nationale.
Pierre-Bénite : les riverains de l'usine Arkema demandent le traitement de l'eau
Les plaignants réclament également à Arkema "l'arrêt immédiat de ses rejets aqueux contenant des PFAS à 1 kilo par mois." Un arrêté préfectoral de 2022 a enjoint Arkema l'arrêt de l'utilisation de PFAS à fin 2024.
L'industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ces rejets, mais les plaignants demandent que l'eau soit aussi traitée avant son utilisation.
De son côté, la préfecture du Rhône a pris des mesures de prévention, recommandant de ne pas consommer des poissons du Rhône et du Garon et élargissant ses recherches sur de possibles contaminations des oeufs dans 12 communes de la Métropole de Lyon.