« Il y a 2 millions de personnes en intérim et 2 millions en CDD aujourd’hui en France, soit 15 % de la population active. Ces travailleurs ne peuvent pas être aussi motivés, impliqués et productifs que les travailleurs en CDI », analyse Philippe Bazin. Pour réconcilier le besoin structurel de flexibilité des entreprises et le besoin de sécurisation des parcours professionnels, il a créé en 2011, avec son épouse Valérie, le groupe Pro Services Consulting.
PSC instaure un nouveau modèle de CDI d’employabilité. « Nous recrutons des personnes en CDI et les plaçons pour des missions longue durée en entreprise tout en accompagnant leur formation. Une manière de déprécariser l’emploi et de proposer aux entreprises des salariés créatifs, compétents et moins absents. C’est là notre plus-value », explique le dirigeant-fondateur.
Depuis la création de PSC, 850 personnes ont été embauchées en CDI : elles étaient toutes inscrites à Pôle emploi. « Nos salariés sont à 80 % des ouvriers employés en production dans l’industrie et en logistique à des postes de manutentionnaires, opérateurs et conducteurs de ligne. La durée moyenne de placement est de 3 ans, contre 8 jours en intérim, et 42 % de nos salariés sont embauchés par l’entreprise à l’issue de leur mission, contre 15 % dans l’intérim », souligne Philippe Bazin.
Entre deux placements, PSC maintient le salaire de ses employés. « J’ai signé un CDI avec PSC il y a 5 ans. Ma dernière mission s’est achevée en début d’année chez Jtekt et je retravaille depuis le mois dernier pour TIF à Genas. Pendant 4 mois, mon salaire a été maintenu même si je ne travaillais pas », témoigne Naser Saipi, cariste-préparateur de commandes, qui a également pu obtenir la nationalité française grâce à son CDI. « Les intermissions engloutissent près de 900 000 € de marges pour PSC, mais ce système garantit un personnel investi et fiable », ajoute le dirigeant.
Implanté à Lyon où il a son siège social, mais aussi en région parisienne, dans le Grand-Est et le Centre-Val-de-Loire, PSC emploie 20 permanents pour faire fonctionner la structure et a réalisé 14 M€ de chiffre d’affaires en 2016 pour 200 000 € de résultat net. Après avoir fait la preuve de la pérennité de leur modèle, Philippe et Valérie Bazin veulent désormais l’étendre.
« Nous allons ouvrir de nouvelles agences en raisonnant par bassin d’emploi, là où il y a un besoin de main d’œuvre, d’abord en Auvergne-Rhône-Alpes puis en Alsace », indiquent les dirigeants. Des bureaux vont être installés à Villefranche, Grenoble, Annecy, Valence, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Mulhouse, Colmar, Strasbourg…Dans les deux ans, PSC devrait compter 20 agences. « Nous voulons surtout recruter 3 000 personnes d’ici fin 2019 », fait savoir Valérie Bazin.
Pour accompagner ce développement qui doit mener le groupe à 100 M€ de chiffre d’affaires, PSC recherche une vingtaine de commerciaux. Ils seront en charge de démarcher les entreprises pour trouver des missions. L’offre de PSC intéresse majoritairement les grands groupes (Aoste, Continental, Biomérieux…), mais pourrait aussi de plus en plus séduire les PME.
Philippe Bazin : « Nous sommes une fabrique à CDI »
Quels avantages offrez-vous à vos salariés ?
Nous maintenons le salaire entre deux missions et proposons un salaire identique d’une mission à l’autre, nous donnons la possibilité de décliner trois emplois, nous avons une clause de mobilité réduite de 30 km, nous offrons une mutuelle familiale et un dispositif de participation et d’intéressement…
La formation est aussi un sujet essentiel. Pourquoi ?
Les moins diplômés constituent 57 % des chômeurs et les entreprises veulent des personnes formées et employables. Chaque année, 30 % de nos salariés sont formés. De plus, nous développons leur employabilité en les formant à des métiers qui ne seront pas impactés par la robotisation de l’économie. Nous anticipons les mutations.
Comment souhaitez-vous développer le modèle de travail à temps partagé ?
Nous voulons permettre à 200 000 personnes de bénéficier d’un CDI d’employabilité. Nous allons créer un syndicat professionnel du temps partagé pour réunir la dizaine d’entreprises qui partagent notre vision. Plus tard, nous espérons aussi créer une branche professionnelle du temps partagé.