Saviez-vous que la police scientifique est née à Lyon ? Et qu'Edmond Locard, son fondateur, a toujours son portrait dans les locaux du FBI ?
C'est cette histoire qu’on vous raconte dans ce podcast, avec l’éclairage d'Amos Frappa. Professeur agrégé d'histoire-géographie au lycée La Martinière-Monplaisir à Lyon, il est "le" spécialiste d’Edmond Locard et de la mise en place de la police technique de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle.
Cette plongée sur les traces de celui qu'on considère comme le Sherlock Holmes lyonnais, c'est le premier épisode de "Mémoire Vive", un nouveau podcast imaginé par Tout Lyon et co-produit avec les Archives municipales de Lyon.
En un peu plus de 15 minutes, Mathilda Ruiz-Yeste et Julien Verchère fouilleront à chaque épisode dans la mémoire locale, entre petites histoires, personnages hors-normes et secrets bien gardés. Bonne écoute !
Edmond Locard, disciple d'Alexandre Lacassagne à Lyon
Issu d'un milieu scientifique et technique (son grand-père a oeuvré à la naissance de la voie ferrée entre Lyon et Saint-Etienne), Edmond Locard étudie la médecine, puis le droit. Mais son irruption dans l'univers de la médecine légale relève du pur hasard. D'autant plus lorsque l'on sait que la vue du sang le place dans l'inconfort le plus total.
D'abord secrétaire de Léopold Ollier, considéré comme le fondateur de la chirurgie orthopédique moderne, Locard est contraint de donner une nouvelle direction à son parcours universitaire avec la mort de son maître. En 1902, il rejoint Alexandre Lacassagne, ponte de la médecine légale à Lyon et au-delà, pour préparer une thèse sur la médecine légale au XVIIe siècle.
C'est à ce moment que se matérialise son goût pour l'enquête. Des années seront toutefois nécessaires pour concrétiser son projet de laboratoire de police scientifique.
Il crée le premier laboratoire de police scientifique
En 1910, il se voit attribuer deux salles dans les combles du Palais de justice de Lyon. Edmond Locard y déploie son matériel constitué de fioles, objets bricolés et autres notes manuscrites, inventant un modèle alors unique au monde. Le moment où les univers de la science et de la police se rencontrent.
L'affaire du "corbeau de Tulle", un moment phare pour Locard
Sa renommée grandit progressivement et son apport à la résolution d'affaires retentissantes, à l'image de celle du "corbeau de Tulle" en 1922, lui offre un éclairage national.
Il rédige également de nombreux ouvrages (L'enquête criminelle et les méthodes scientifiques en 1920, Manuel de technique policière en 1923 ou encore Traité de criminalistique en 1931, somme de ses découvertes et inventions).
Il dirige jusqu'à la fin des années 30 la Revue internationale de criminalistique et signe des articles dans de nombreuses publications. Il enseigne également à l'Ecole Nationale Supérieure de la police à Saint-Cyr au Mont-d'Or.
Autant d'opportunités d'expliquer ses méthodes novatrices, dont certaines sont encore utilisées de nos jours.
Locard, un héritage fort à Lyon
Aujourd'hui, plus d'un demi-siècle après sa disparition (il est mort le 4 mai 1966), force est de constater que la figure d'Edmond Locard a durablement marqué la riche histoire de la police à Lyon (siège d'Interpol notamment).
Ce n'est sans doute pas un hasard si le Service national de police scientifique (SNPS) d'Ecully est toujours considéré au XXIe siècle comme une référence mondiale. A la croisée de la science et de la criminalistique, des entreprises de biotechnologies lyonnaises comme AXO Science cultivent le goût de la recherche et de l'innovation, comme un lointain héritage de Locard.
De Locard même, outre le très conséquent fonds existant aux Archives municipales de Lyon, demeurent une rue à son nom dans le 5e arrondissement de Lyon et une plaque commémorant la naissance du premier laboratoire de police scientifique aux abords du Palais de justice.