Afin de faire passer le texte à l'Assemblée nationale sans vote, la Première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé l'utilisation de l'article 49-3 de la Constitution.
Un moyen de contourner le vote du texte en cas de doute sur l'issue du scrutin parlementaire. Cette décision fait réagir les élus lyonnais qui, pour certains, dénoncent un "déni de démocratie", eu égard à l'opposition de la rue à cette loi.
Anticipée par les opposants à la réforme des retraites, une manifestation s'est déroulée devant la préfecture du Rhône à Lyon à partir de 17h. La suite du mouvement sera décidée demain, même si des cortèges sauvages sont actuellement en cours, notamment sur la place des Terreaux, toujours pleine à 20h.
Les réactions des élus lyonnais opposés à la réforme des retraites après l'utilisation du 49-3
Le maire de Lyon, Grégory Doucet, fustige un "recul démocratique" après des "tentatives de marchandage". Opposé à ce projet de réforme des retraites, il avait dénoncé lors d'une intervention en conseil municipal en janvier dernier "une hypocrisie" et un allongement qui ne "sera pas tenable" et qui "allourdira des situations douloureuses".
Les tentatives de marchandage ont échoué, ce gouvernement choisit le passage en force.
— Grégory Doucet (@Gregorydoucet) March 16, 2023
Contre l’avis des Français. Un recul démocratique. #NonALaReformeDesRetraites
De son côté, la députée écologiste de Lyon, Marie-Charlotte Garin, qui siège donc à l'Assemblée nationale, estime que le 49-3 "est l’aveu de l’échec du Président Macron".
Ce qui vient de se passer est très grave.
— Marie-Charlotte Garin (@MC_Garin) March 16, 2023
Un 49.3 pour faire passer un texte si important.
Il n’y a rien qui le justifie. Nous aurions pu voter mais le gouvernement n’a pas assumé d’être minoritaire.
C’est l’aveu de l’échec du Président Macron.
C’est méprisant et irresponsable
Quant à la sénatrice du Rhône, Raymonde Poncet Monge, elle déclare que l'utilisation du 49-3 fait entrer le pays "dans une crise démocratique profonde".
D'un projet antisocial et productiviste, la contre-#ReformeDesRetraites devient une crise démocratique profonde avec le recours au 49-3. L'exécutif n'en finit plus de piétiner la très grande majorité des français opposée à cette réforme ainsi que la démocratie parlementaire. https://t.co/sqKhYnZt6p
— Raymonde Poncet Monge (@PoncetRaymonde) March 16, 2023
A Lyon, les retraités manifestent aussi contre la nouvelle réforme
Dans les rangs du Parti socialiste du Rhône, aussi, le recours à l'article 49-3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites sans vote, ne passe pas.
"Cela démontre le mépris de ce Président hors sol qui n’écoute que lui-même et affiche, une fois de plus, son incapacité à comprendre et encore moins à convaincre [...] Faire usage de la force pour bâillonner le parlement sur une réforme qui touchera le quotidien de toutes et tous et contredire la volonté populaire mérite une riposte citoyenne, calme mais déterminée. Le Parti socialiste du Rhône [...] condamne avec la plus grande fermeté cette atteinte sans précédent aux droits sociaux et plus globalement à la démocratie", défend le parti dans un communiqué et appelle ses militants à rejoindre les actions prochaines de l'intersyndicale.
Utilisation du 49-3 : les élus favorables à la réforme fustigent l'opposition
Les élus favorables à la réforme des retraites dénoncent un blocage et le revirement des députés Les Républicains. A l'instar de la réaction de Cyrille Isaac-Sibille, député de la 12e circonscription du Rhône (Modem), qui affirme dans un communiqué :
"J'assure le président de la République et le gouvernement de mon soutien dans cette prise de décision. Le vrai danger pour notre démocratie, c'est l'obstruction, les outrances et les contrevérités des opposants à cette réforme. Le vrai danger pour notre démocratie, ce serait de déclencher une crise politique nous amenant de manière inexorable et plus ou moins rapidement, vers le chaos !"
Députée de la 4e circonscription du Rhône, Anne Brugnera (Renaissance), défend un choix "responsable" face à une réforme nécessaire :
J'aurais voulu que l'#AssembleeNationale puisse voter la #ReformeRetraites mais le choix du gouvernement est un choix de responsabilité.
— Anne Brugnera (@AnneBrugnera) March 16, 2023
Ce texte pérennise notre système de retraite par répartition et apporte des progrès. Je l'aurais voté en conscience.
La députée de la 13e circonscription, Sarah Tanzilli (Renaissance), ne s'est pas exprimée directement mais a retweeté un message indiquant qu'il aurait fallu voter le texte. "Nous devions ça à nos oppositions et à ceux qui jusque là ont manifesté leur désaccord avec la réforme. Défaite ou victoire au vote, la démocratie aurait parlé" soutient ce message du député Eric Bothorel (Renaissance), élu dans les Côtes-d'Armor.