Pour la première fois depuis son ouverture, et jusqu'au 24 juillet, la galerie Manifesta ouvre les portes de son somptueux "appartement" à une galerie exclusivement consacrée à la photographie.
Il faut dire que la galerie Clémentine de la Féronnière est un genre de pointure en la matière, étant la galeriste de Martin Parr à Paris, l’une des grandes figures de la photographie mondiale actuelle. Elle est également dépositaire du fonds du photographe ghanéen James Barnor, un artiste majeur.
Avec Focus, la photo s'empare de la galerie Manifesta
Deux artistes dont on peut voir quelques œuvres à Manifesta, autour d‘une expo sobrement intitulée Focus qui donne à voir cinq autres artistes, dont deux découvertes splendides, Carolle Benitah et Mikiya Takimoto.
Ancienne styliste de mode, la première travaille sur l’intime depuis ses débuts et notamment ses mémoires familiales en puisant sa matière photographique dans ses archives personnelles. Elle brode, écrit, retouche à la feuille d’or ses tirages, leur donnant une matière qui les apparente à une forme de sculpture poétique et délicate.
Reprenant des pratiques typiquement féminines, comme la broderie, elle les détourne et cherche à renverser la hiérarchie des arts. Par ce geste, elle s’inscrit dans une longue tradition d’artistes femmes, qui utilisent cet art modeste pour le questionner. A l’instar de Louise Bourgeois, Sylvie Selig qu’on a découverte lors de la dernière Biennale, ou encore Ghada Amer, qui exposait cet hiver au Mucem de Marseille.
Manifesta : l'art visuel décliné par sept artistes différents
On est également fascinée par les images de Mikiya Takimoto, enchâssées dans des boites de laiton rondes, qui composent également des sortes de sculptures. Des images oniriques et planantes dont l’artiste extrait des détails qui forment des images abstraites.
Tout comme celles de Juliette Agnel, clichés minéraux travaillés à la chambre et à l’appareil numérique, qui accueillent le visiteur. Lauréate depuis le 26 mai du prix Niépce/Gens d’images, l’artiste exposera aux Rencontres d’Arles cet été et sort son premier livre le 23 juin. Photographe de l’invisible, elle expose ici des clichés d’iceberg qui ressemblent à des gemmes prises en très gros plan, devenant des toiles abstraites et mélancoliques.
Quant à Flore, qui expose ici deux polaroïds numérisés, agrandis et retouchés avec de la nacre, aux couleurs dégageant une poésie intemporelle, elle questionne le statut de l’image dans nos sociétés contemporaines et tente de proposer une alternative aux tourments du monde en invitant le spectateur à rentrer dans son monde poétique.
Enfin Marco Barbon qui présente des scènes de la vie quotidienne de sa série réalisée en 2006, Asmara Dream. Un bel ensemble qui mérite le détour !
Infos pratiques
Galerie Manifesta, 6 rue Pizay - 69001 Lyon. Focus à voir jusqu’au 24 juillet. Renseignements : manifesta-lyon.fr.