Président de l'institut Télémaque Auvergne-Rhône-Alpes depuis dix ans, Thierry de la Tour d'Artaise a rassemblé le 15 novembre au Matmut stadium à Lyon, les parties prenantes de l'association engagées pour faire fonctionner l'ascenseur social.
Comment fonctionne Télémaque et quel bilan faites-vous de vos dix années de présidence à sa tête ?
Notre ambition est de pousser des jeunes, qui n'ont pas les mêmes chances de réussite que d'autres, à s'émanciper et à se révéler via des programmes de double mentorat, associant le monde professionnel et éducatif. Avec l'objectif qu'ils puissent envisager de s'engager dans des études supérieures après le Bac. Le principe est clairement établi : le jeune doit d'abord être motivé et doit trouver un établissement qui acceptera de nommer un référent pédagogique souhaitant accompagner le collégien ou lycéen dans son projet.
Le défi est aussi de solliciter une entreprise capable de détacher l'un de ses collaborateurs pour donner de son temps à l'élève pour notamment l'éveiller culturellement, en l'emmenant par exemple au théâtre ou à des concerts, et bien évidemment lui faire découvrir progressivement le monde de l'entreprise. L'engagement des familles est aussi essentiel dans cette démarche.
Et l'on constate que le taux de réussite au Bac de ces jeunes mentorés, en 2022, est de 97 %, soit six points de plus que la moyenne nationale, dont 64 % avec mentions. Sans compter que 100 % de ces bacheliers s'engagent dans des études supérieures. Depuis dix ans, Télémaque a essaimé en région avec des antennes à Lyon, Grenoble, Saint-Étienne puis Clermont-Ferrand. Nous sommes passés de 8 à 66 entreprises partenaires et de 10 à 61 établissements scolaires qui intègrent nos programmes.
Institut Télémaque : accompagner des jeunes en quête de sens
Des statistiques qui balayent certains poncifs sur les relations des jeunes au travail ?
Il y a peut-être des jeunes qui n'ont pas envie de travailler, mais il y a en aussi une très grande majorité qui le souhaite ! Les jeunes que l'on accompagne ont la rage de réussir leur vie et se donnent les moyens de leurs ambitions. Je pense que cette posture est rassurante. Ce type de programme donne du sens, et c'est ce que recherchent aujourd'hui les jeunes lorsqu'ils envisagent leur carrière professionnelle.
Quel regard portez-vous sur l'évolution de l'entreprise ? N'est-elle pas devenue l'un des derniers refuges sociétaux, lorsqu'on constate justement l'engouement autour du mentorat par exemple ?
Une entreprise, c'est une multitude de métiers et de niveaux avec des profils variés. Finalement, Télémaque a évolué aussi avec ces attentes nouvelles de la part des nouvelles générations en quête de sens. C'est vrai qu'aujourd'hui, on en demande beaucoup à l'entreprise mais elle a le devoir de répondre à ces attentes sociétales. La question qu'il faut se poser, c'est pourquoi les autres piliers de la société se sont étiolés : l'armée, l'école, la famille parfois… S'ils n'ont pas disparu totalement et c'est tant mieux, l'entreprise a quelque part pris le relais pour éduquer et former les jeunes. Si à notre niveau nous parvenons à assumer notre rôle, nous aurons résolu une partie de l'équation.