AccueilActualitéTimothée Bourlier, co-fondateur de Mu'Ethik : "Visiter un lieu en faisant appel aux sens"

Timothée Bourlier, co-fondateur de Mu'Ethik : "Visiter un lieu en faisant appel aux sens"

Des formats médias innovants, un engagement dans la transition écologique et l'économie sociale et solidaire. Voici définie Mu'Ethik, société de production audiovisuelle basée à Lyon. Rencontre avec l'un des co-fondateurs, Timothée Bourlier.
La rencontre avec Timothée Bourlier s'est faite au H7, lieu totem de l'innovation à Lyon, où est hébergé Mu'Ethik.
© Julien Thibert - La rencontre avec Timothée Bourlier s'est faite au H7, lieu totem de l'innovation à Lyon, où est hébergé Mu'Ethik.

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Timothée Bourlier, comment se définit Mu'Ethik ?

Mu'Ethik est un studio de production audiovisuelle, sous forme associative, avec l'objectif de le transformer à moyen terme en entreprise coopérative. Par le biais du numérique et d'outils pédagogiques ludiques, notre ambition est de raconter des histoires pour que, in fine, nos productions soient les témoins d'une époque sur différents sujets. Nous travaillons trois thématiques principales : l'histoire, la biodiversité et la science. Nos axes de création sont : sonore à destination de musées et d'organisations non gouvernementales et des web-séries pour traiter des sujets de fond, tout en maintenant une approche poétique dans la prise d'images.

Quel est votre parcours et comment est né Mu'Ethik ?

J'ai une formation dans la finance (Master 2, Ndlr), et très tôt, j'ai travaillé pour une banque sur le segment de l'économie sociale et solidaire, en accompagnant des associations, des fondations, des mutuelles ou encore des entrepreneurs sociaux. C'est là que ma fibre entrepreneuriale a été titillée. Aussi, Mu'Ethik est-elle née d'une amitié avec Alexis Desportes et Axel Legroux, mes deux associés.

© Julien Thibert - Timothée Bourlier, aux côtés d'Axel Legroux, co-fondateurs de Mu'Ethik avec Alexis Desportes.

La finance et l'entrepreneuriat solidaire sont-ils compatibles à votre sens ?

Je constate que la finance commence à se verdir, et que de l'intérieur, certains acteurs initient des démarches plutôt vertueuses en ce sens, mais le chemin reste encore long. En tous les cas, il y a une prise de conscience. Je me rappelle la diffusion il y a quelques années d'un rapport d'un ex-trader qui travaillait chez HSBC. Il avait pointé l'enjeu du dérèglement climatique sur le fonctionnement des institutions financières. La volonté est là pour aller vers de nouveaux marchés et accompagner les acteurs qui souhaitent initier la transition énergétique, mais le greenwashing reste encore bien ancré dans ces démarches.

Entre nous :

Son style de management : pas de décisions prises seul, "nous avançons à trois".

Ses lectures : Le Siècle de Ken Follett.

Son lieu ressource : une cascade près de Hauteville (Ain) où se retrouvent les trois associés et qui a vu naître Mu'Ethik.

Ses inspirations : Marc Bloch, qui a donné sa vie pour ses idées.

Des enjeux environnementaux qui vous animent puisque que vous êtes animateur bénévole à la Fresque du climat ?

La prise de conscience environnementale est survenue à la sortie du lycée, lorsque j'ai débuté ma formation dans l'enseignement supérieur. J'avais l'impression que certaines matières ne traitaient pas assez en profondeur certains sujets comme l'environnement et ses enjeux associés à la finance. C'est comme ça que j'ai intégré, en parallèle, l'Université Avenir climatique. J'ai pu travailler sur des conférences de Jean-Marc Jancovici. Dans mes recherches, j'ai pu lire aussi Or noir, la grande histoire du pétrole de Matthieu Auzanneau, qui m'a particulièrement marqué et qui a initié en partie mon changement de cap.

Mu'Ethik choisit "des projets qui font sens"

C'est à partir de ce moment-là que l'association est née ?

A la base, nous voulions créer un média pour traiter ces sujets environnementaux. Pendant deux ans, nous nous sommes lancés dans une web-série sur l'agriculture urbaine. Nous nous sommes rendu compte que réaliser un projet économiquement viable sur ce format serait compliqué. Nous avons donc choisi de basculer le modèle en studio de production audiovisuelle pour proposer nos services et nos conseils avec les structures qui sont en lien avec notre ligne éditoriale, tout en veillant à ne pas dénaturer la vision de départ, soit créer un projet qui apporterait de la visibilité aux structures qui font sens à nos yeux et aux hommes et femmes qui les portent.

Un mot sur votre trio d'associés ?

Nous avons défini notre complémentarité par des mots : l'ouïe d'abord, portée par Axel, qui est derrière l'imaginaire sonore de Mu'Ethik, et qui permet d'amplifier les histoires que l'on crée. Ensuite, la vision, plutôt portée par Alexis qui foisonne d'idées et qui apporte un oeil intéressant. Et enfin, la plume, qui est plus ma partie, avec l'écriture de scénarii.

Quid du développement de Mu'Ethik aujourd'hui ?

Pendant deux ans, nous étions sous forme associative, avec 50 % d'activité bénévole. Cette année, nous sommes assujettis à la TVA et à l'IS. Nous ne sommes pas encore prêts à basculer en entreprise coopérative. Avant d'y parvenir, nous devions d'abord consolider et augmenter notre volume d'affaires pour ensuite pouvoir nous salarier. C'est en bonne voie.

De quelle manière s'inscrit le projet de podcast immersif dédié au parcours de Marc Bloch proposé au mémorial national Montluc, à Lyon, depuis février ?

Ce podcast que nous avons réalisé pour le Fort Montluc, c'est véritablement notre vitrine. Nous proposons les visites aux côtés des équipes du mémorial, ce qui prouve que nos créations peuvent être complémentaires à la médiation classique. Il s'agit d'un nouveau concept pour découvrir un engagement, visiter un lieu historique en faisant appel aux sens, tout en rendant hommage à une figure emblématique de la Résistance.

Timothée Bourlier : "Garder l'insouciance et rendre viable le projet"

C'est un véritable défi que d'accrocher le spectateur/visiteur sur de tels formats tandis que les médias sont animés par la culture de l'instantanéité ?

L'idée de notre média est justement de ralentir, de prendre le temps d'écouter une histoire et de prêter ses sens, pour vivre une expérience qu'on ne vivrait pas ailleurs. L'objectif n'est pas forcément de comprendre mais au moins se rendre compte de ce que peut vivre quelqu'un d'autre. Au final, il s'agit de se servir de nos productions médias pour susciter les rencontres. Nous avons d'ailleurs l'ambition de nous rapprocher du spectacle vivant, et de mélanger les arts. Nous souhaiterions utiliser la 3D pour proposer une expérience inédite. Avec un système d'audio à 360 degrés qui s'écoute au casque et qui permet de ressentir l'environnement sonore.

Quels sont les projets à venir et de quelle manière comptez-vous consolider votre activité ?

Nous voulons maintenir nos deux approches par le web documentaire et les fictions immersives. Nous avons pour cela repéré des dispositifs au niveau de la Métropole de Lyon, de la Région Auvergne- Rhône-Alpes ou encore de l'Europe. Nous avons déjà répondu à un appel à projets régional sur la transmission mémorielle. Nous en attendons beaucoup. Nous ciblons également le financement d'Etat Services numériques innovants (SNI) qui permet d'équiper des lieux culturels et offrir de nouvelles manières de visiter ces sites à travers l'utilisation du numérique. Pour 2024, nous planchons par ailleurs sur la création d'un documentaire qui va mélanger nos arts, sur le sujet de la forêt primaire en Pologne où un mur antimigrants est actuellement en construction.

Votre déploiement pourrait-il remettre en question votre engagement de départ et l'éthique que vous portez dans vos projets, dans un modèle économique qui deviendrait plus lucratif ?

Nous avons jusqu'à maintenant pu choisir les structures avec lesquelles nous voulions travailler, qui évoluent en majorité dans l'économie sociale et solidaire. C'est un équilibre à trouver. On veut à la fois garder l'insouciance qui a fait naître ce projet, tout en le rendant viable.

Les dates clés de Timothée Bourlier

2016 : chargé d'accueil au CIC.

2017 : chargé d'affaires économie sociale et solidaire à la Caisse d'épargne Rhône Alpes.

2018 : master chargé d'affaires entreprise.

2020 : co-fondation de Mu'Ethik.

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