Après le très pertinent Publiques, Annick Charlot, chorégraphe lyonnaise connue pour ses créations dans l’espace public, a entamé un projet au long cours, Sorcière !
Pas étonnant qu'elle s’empare de ce sujet, devenu très tendance puis prenant l’aspect d’une lame de fond plus globale, après le succès de l’essai de Mona Chollet, Sorcières et la vague #metoo.
Sa précédente création, Publiques, s’imposait déjà comme un manifeste féministe, mais tout en intelligence et sans acrimonie. Sorcière ! devrait prendre le même chemin.
Avec Sorcière ! Annick Charlot mêle chorégraphie et histoire
Recherche politique et poétique, elle s’inscrit dans plusieurs champs. Le champ chorégraphique évidemment avec en point de départ, le fameux solo de Mary Wigman, pionnière allemande de la danse moderne, mais aussi les champs historiques et sociologiques, avec des contributions de chercheuses, soignantes, chamanes. L’idée est de réfléchir autour de ce féminicide institutionnalisé du XVIe au XVIIIe siècle et du concept de sorcière aujourd’hui.
Le projet se décline en plusieurs "modules", les résidences participatives de création comme celle programmée dans le cadre de Tout le monde dehors le 25 août à Lyon, une "université Sorcière", des ateliers de danse et des performances participatives dans l’espace public.
En convoquant la "transe cognitive auto-induite" développée par Corine Sombrun et des pratiques collectives rituelles modernes, Annick Charlot cherche à "faire surgir une pratique modifiée de nos relations au milieu, écosystème visible et invisible", à créer un "acte-spectacle pour changer le sort". On ne saurait mieux dire !